Les applis cosmétiques – jusqu’où leur faire confiance ?
Yuka, QuelCosmetic, CosmEthics ou Inci Beauty, les applis cosmétiques ont le vent en poupe. Et pour cause : elles nous offrent la promesse de devenir instantanément de redoutables cosmétologues capables de décrypter toutes les compositions, de détecter le moindre élément suspect.
Mais, à quoi correspond précisément le score attribué à nos cosmétiques par les applications ? Dans quelle mesure pouvons-nous leur faire confiance pour choisir nos produits ? Pour évaluer un niveau de risque et juger de l’efficacité des cosmétiques.
Comment fonctionne le système de notation des applis cosmétiques ?
Les applications cosmétiques fonctionnent toutes sur le même principe. Le code – barre du produit à analyser est scanné. La composition du produit apparait à partir de la base de données existante. La formule complète est passée au crible. Chaque ingrédient est évalué individuellement pour son niveau de risque.
Sur Yuka et QuelCosmetic :
- aucun risque identifié (pastille verte)
- risque limité ou faible, (pastille jaune)
- risque modéré ou moyen, (pastille orange)
- risque significatif ou élevé, (pastille rouge)
La présence d’allergènes est matérialisée par un triangle rouge.
Sur Inci Beauty :
- bien
- satisfaisant
- pas terrible,
- controversé, à risque
Inci Beauty est la seule appli à prendre en compte le niveau de concentration de l’ingrédient (classé dans la liste du plus au moins concentré)
Sur Cosmethics
- sûr
- allergie potentielle
- risque de toxicité
- alerte personnalisée
Cosmethics propose en outre 11 listes d’ingrédients à éviter
A partir du niveau de risque de l’ensemble des ingrédients, une note finale est attribuée au produit. QuelCosmetic distingue quatre catégories d’utilisateurs bébés/enfants/adultes/ femmes enceintes.
Les applis basent le niveau de risque attribué à un ingrédient sur l'état des connaissances scientifiques et, plus précisément sur l’effet de l'ingrédient sur la santé, tel qu’il est identifié à ce jour : perturbateur endocrinien, allergène, irritant, cancérogène….
Mais, selon l’application, l’accent est mis sur telle problématique plutôt que sur telle autre. L’une axe sa vigilance sur les agents irritants et les allergènes, une autre sur les perturbateurs endocriniens, une autre encore sur le degré de naturel de la formule.
Difficile donc de comparer les différents résultats pour se faire une idée claire et rationnelle.
Tentez l’expérience et évaluez un même produit avec des applis différentes. Le résultat peut vous surprendre. Une maman l’a tenté avec le dentifrice de sa fille de 3 ans. Conclusion : une note de 11,2/20 chez Inci Beauty….et 14/100 (soit 2,8/20) chez Yuka. Autrement dit moyen chez Inci Beauty …et carrément dangereux chez Yuka !
L’explication est très simple : Un même ingrédient, selon sa concentration dans une formulation cosmétique peut avoir des effets différents, bénéfiques quand il est dilué, ou parfaitement toxique au-delà d’une certaine concentration.
Car l’innocuité ou la toxicité d’un ingrédient dépend de nombreux facteurs, le mode d’application (produit rincé, non rincé), sous quelle forme est-il présent dans la formule (nanoparticules, susceptibles de pénétrer dans l’organisme, et donc présentant un risque potentiel ou, sous une autre forme, sans risque)
Une application prendra en compte ces différents paramètres : nom de l’ingrédient, sa concentration, sa forme, son type d’application. L’autre ne prendra en considération que la présence ou l’absence dudit ingrédient, avec, logiquement, des conclusions à l’opposé. Et à quoi correspond la notion de risque mise en avant par ces applications ?
Car ne l’oublions pas : la réglementation cosmétique européenne est l’une des plus restrictives qui soit. Un produit cosmétique légalement enregistré répond à des normes très strictes : la concentration d’un ingrédient ne peut dépasser le seuil au-delà duquel un ingrédient présente un effet nocif .
Les applis cosmétiques: ce qu’elles disent, et ce qu’elles ne disent pas
Le succès des applications cosmétiques répond à une attente légitime de transparence. Nos choix en matière de cosmétique sont aussi guidés par le désir de comprendre comment sont formulés nos produits, de nous assurer qu’ils préservent notre santé, et l’environnement, qu’ils n’hypothèquent pas l’avenir de nos enfants.
En l’état, les applications qui passent les formulations des cosmétiques à la loupe obligent les fabricants à mieux communiquer.
Pour le moment, nous considérons que l’entreprise est encore en chantier. Les données fournies par les applis cosmétiques doivent être regardées avec circonspection. Elles donnent à l’utilisatrice une fausse sécurité en avalisant des formules pleines de silicones, d’huiles minérales, d’ingrédients parfois déconseillés à certains types de peau ou de cheveux, l’alcool dénaturé par exemple. A contrario, certaines ostracisent systématiquement des formules contenant à l’état de traces des ingrédients comme les huiles essentielles, sans considération de celles qui peuvent- ou pas être utilisée par exemple chez le jeune enfant, la femme enceinte.
Des passerelles s’organisent, pour fournir les explications, qui permettront progressivement aux applications de renseigner de manière plus fiable, plus précise, les consommatrices, pour mieux les guider.
Sans ces précisions, les applis peuvent conduire celles qui n’ont pas toutes les clés de lecture à une caricature d’analyse, plus qu’à une analyse fiable !
Notre conseil, tester plusieurs applis avant de trancher et demander si nécessaire des précisions à la marque ou, à votre professionnel de Beauté #askdiouda